Au retour d’un combat contre l’extrême-droite

Après avoir écrit plus d’un millier d’articles, je pense à juste titre disposer d’un certain recul sur la question. Au travers de mon expérience enrichissante, mais aussi des « enquêtes » et des « dossiers » que j’ai fourni une certaine forme de rigueur afin de dénoncer de façon habile l’hypocrisie des pouvoirs successifs.

Le temps de l’écriture tout comme celui de la recherche des différents faits démontre bien souvent que les différents supports de diffusion reposent sur une supercherie de successions de falsifications historiques pour embrigader les personnes dans un tissu de mensonges. Je pense que cette expérience d’une écriture tout au long d’une dizaine d’années permet une certaine forme de recul et j’en ai de la chance.

J’ai été au sein du collectif « Luttons contre le FN » (dont son auto-dissolution s’est réalisée après plusieurs années de travaux) et nous avons lutté contre le Front National de Marine Le Pen et ses partis satellites. Nous avons été dans différentes tempêtes, dans un monde où l’on pouvait se retrouver « libre ». Aujourd’hui avec la « lepénisation globale » de la société, nous ne pourrions plus refaire cela sans que notre tête soit mise à prix. En effet, dans une dédiabolisation et une normalisation des idées d’extrême-droite et de ses méthodes, dont la reprise se reprend aussi dans le macronisme.

Le temps de croire des fables suppose d’être resté dans une absence profonde de « l’esprit critique ». À partir de cela, les partis conservateurs comportent un large épouvantail pour séparer la population d’où le séparatisme déjà omniprésent, mais conforme aux différentes législations.

L’instrumentalisation à des fins électorales de l’extrême-droite s’avère être comme « jouer au feu ». Cependant, une preuve est de constater qu’une sortie heureuse et collective ne semble qu’impossible. Les régimes illibéraux en Occident s’inscrivent comme dans un rejet draconien de l’entité européenne afin de défendre des thèses d’une Europe blanche et catholique. Viktor Òrban va même jusqu’à reprendre les thèses négationnistes et néo-nazies du « grand remplacement » de Renaud Camus. Ironiquement, les références nazies y sont interdites, mais pas les siennes.

Dans un contexte de fortes tensions en Europe au travers de la montée des partis « révisionnistes », la réécriture de l’Histoire devient un schème classique. Dans ce contexte, des associations politiques et des partis politiques s’accommodent d’un récit victorieux et militarisé. Or, cette approche romanesque est vue comme une approche afin de vivre dans un « monde parallèle ». Nonobstant, un cénacle falsifié, dont les auteurs s’arrogent avec les sciences sociales et le refus d’accéder aux travaux d’Historiens, cela démontre leur volonté de créer une approche antinomique quitte à déformer les faits afin de créer une logique politique de la construction historique.

L’Union Européenne dispose d’un grand pouvoir pour promouvoir la « démocratie libérale », mais se retrouve dans un certain « mutisme » face aux illibéraux, notamment la France. Pourtant, il s’avère conséquent que la France s’enfonce doucement dans un régime illibéral et autoritaire où le déni de la réalité de la part de ceux qui gouvernent s’avère omniprésent.

Les universitaires savent très bien que les travaux visant à déconstruire ces récits, mais cela prend du temps et n’accapare pas vraiment « l’espace médiatique » pour des polémiques stériles. Cependant, l’idée se résume non pas à occuper une forme intellectuelle en termes de diffusion des idées, car les idées sont relativement connues, mais à jouer au maximum sur les émotions primitives des personnes. Il semble clairement différent de faire une distinction entre « masse », « foule » et « adhérents ». Chaque jour qui passe au travers d’une énième politique se retrouve au cœur de la stratégie de prise du pouvoir afin de dominer la foule et la masse.

Pourtant, il apparaît que l’explication avec pédagogie ne fonctionne plus, car les législateurs s’inscrivent dans une approche où le fond idéologique a été coopté. Je pense sincèrement qu’on a rien à attendre des libéraux de toutes les obédiences, car ils labourent progressivement le terrain à l’extrême-droite. Parfois, on se demande s’il n’existe pas des images entre le néolibéralisme et le néofascisme en termes d’application. Dans ce sens, cela se comprend nettement mieux que les néolibéraux et les conservateurs ne combattent jamais l’extrême-droite, car leurs idées qui y progressent de façon constante. La bataille politique laisse également une bataille idéologique. Sur ce terrain, nous ne sommes pas avec des forces équivalentes.

Mussolini n’a pas changé de fond en comble le Parlementarisme du jour au lendemain pour appliquer son programme fasciste, Hitler a pris plusieurs années. Une fois au pouvoir, le verrou se bloque. Certains banalisent l’extrême-droite, dont le président qui parle très souvent comme un maurrassien, c’est-à-dire un pétainiste. Nul doute qu’il ne peut combattre l’extrême-droite, car il est contaminé par la dialectique de cette dernière. Le macronisme sera (même si Borne ne le veut pas) un allié inconscient de cette extrême-droite qu’elle prétend combattre.

Finalement, je me rends compte qu’au travers de ces différentes prises de paroles, lorsqu’un président parle « d’ensauvagement », de « pays réel » et d’un « état légal », nous ne sommes plus simplement des adversaires comme cela devrait se produire, mais bien des ennemis, car « l’arc républicain » (comme j’en parle souvent) se retrouve à n’être qu’un vocable de l’extrême-droite. Dès lors, on ne combat pas l’extrême-droite en reprenant sa dialectique. Que cela soit dit et énoncé.

Posté le 23 juillet 2023 par Pierre Le Bec